5 juin 2023
Quiet quitting : est-ce que ce buzzword a encore du sens ?
Dans le monde du travail, un nouveau phénomène a émergé, connu sous le nom de « quiet quitting ». Ce concept, qui a gagné en popularité sur les réseaux sociaux, soulève des questions importantes sur l’engagement des salariés et la culture d’entreprise. Autant de sujets clés pour les jeunes diplômés des écoles de management qui font leurs premiers pas dans les entreprises après plusieurs années de formation.
Qu’est-ce que le quiet quitting ?
Le « quiet quitting » ou « démission silencieuse » est un concept qui peut sembler trompeur, car il ne signifie pas réellement une démission formelle. En réalité, il représente un rejet de la culture de surperformance, de l’obligation de se surpasser au travail et de la tendance à consacrer tout son temps au travail, souvent au détriment d’autres aspects de sa vie personnelle. Ce terme a gagné en popularité après qu’un utilisateur de TikTok a partagé un message à ce sujet à l’été 2022, qui a été visionné plus de 3 millions de fois. Cela a déclenché un écho massif, particulièrement parmi les jeunes générations, qui sont de plus en plus influentes pour redéfinir les normes du monde du travail.
Ce phénomène est notable, car il fait suite à la « Grande Démission », une autre transformation importante du paysage des ressources humaines aux États-Unis. En 2021, près de 4 millions de travailleurs ont quitté leur poste chaque mois en moyenne, en raison des tensions concernant la flexibilité du travail et une réévaluation générale de l’importance du travail dans leur vie. Cette tendance s’intensifie dans un contexte où la relation entre employeurs et employés est de plus en plus tendue, face à une inflation accrue, une pénurie de main-d’œuvre et une réorganisation post-pandémique du travail.
De buzzword à réalité générationnelle
Le quiet quitting est une réponse à des stress persistants et inévitables sur le lieu de travail. Il est lié au concept de « learned helplessness » (que l’on pourrait traduire par impuissance acquise), où les salariés cessent de chercher des solutions à des problèmes perçus comme insurmontables. Des recherches récentes suggèrent que la passivité est notre réponse par défaut face à l’adversité prolongée. Selon Gallup, au moins 50% de la main-d’œuvre américaine pratiquerait le quiet quitting. Concrètement, c’est le cas d’un employé qui, après avoir subi des mois de surcharge de travail sans reconnaissance ni soutien de la part de sa direction, commence à se désengager. Au lieu de proposer des idées lors des réunions, il se contente d’écouter. Au lieu de prendre des initiatives, il attend qu’on lui donne des instructions précises. C’est le quiet quitting en action.
Le quiet quitting a un impact négatif sur la productivité et l’engagement des employés, ce qui peut à son tour affecter la performance globale de l’entreprise. Un aspect particulièrement préoccupant du sujet est son impact sur les travailleurs plus jeunes et les travailleurs à distance. Gallup a constaté une baisse de l’engagement et de la satisfaction des employés parmi les travailleurs à distance de la génération Z et les jeunes milléniaux. Ces personnes ont signalé une diminution du sentiment d’être intégrées dans l’équipe et des opportunités de formation et de développement, principalement de la part de leur manager. Ainsi, une jeune diplômée qui débute sa carrière travaillant à distance peut se sentir isolée et déconnectée de son équipe. Malgré ses efforts pour communiquer et rester engagée, le manque de feedback et de soutien de son manager peut la conduire à pratiquer le quiet quitting. Elle peut commencer à se désengager de son travail, à ne plus participer activement aux réunions d’équipe et à ne plus chercher à dépasser les attentes.
Comment lutter contre le quiet quitting ?
C’est une culture à (re)reconstruire et un état d’esprit à réinventer qui permet de lutter contre le quiet quitting. Les organisations peuvent inverser la passivité parmi les employés en mettant en place des stratégies pour encourager l’autonomie et l’engagement. Cela peut inclure des opportunités de formation, des initiatives de reconnaissance et des efforts pour créer un environnement de travail plus inclusif et respectueux.
Un élément clé pour combattre le quiet quitting est un management efficace. Gallup recommande ainsi aux managers d’avoir une conversation significative par semaine avec chaque membre de l’équipe. Ces conversations peuvent aider à réduire le désengagement et le burnout en permettant aux employés de discuter de leurs préoccupations, de leurs objectifs et de leurs aspirations. De plus, les managers doivent créer un sentiment d’appartenance et montrer aux employés comment leur travail contribue à la mission globale de l’organisation.
Le quiet quitting est un phénomène qui a des implications profondes pour le monde du travail. Il souligne l’importance d’un management efficace et d’une culture d’entreprise qui valorise et soutient ses employés. Alors que ce buzzword continue de circuler, il est essentiel que les organisations prennent des mesures pour comprendre et combattre ce phénomène qui n’est qu’un révélateur des lacunes des entreprises en termes de valeurs, de recherche de sens et de culture. Un symptôme d’un problème plus profond qui nécessite une attention et des actions sérieuses.